1« Si vous dites que je fais la guerre sainte, je vous donne entièrement raison. Mais je la fais avec la science et la crainte révérencielle en DIEU ». Par ces propos sublimes lors du conseil privé du 05 septembre 1895 qui décidait de son exil au Gabon, Cheikh Ahmadou Bamba décrétait une autre forme de Djihad fondée sur la foi, la science et la crainte révérencielle.
Cheikh Ahmadou Bamba put se détacher du pouvoir temporel des rois et des princes pour se livrer à la vie ascétique et désintéressée entièrement axée sur l’imitation du Prophète (PSL). Il fut beaucoup critiqué dans sa démarche par ceux qui espéraient qu’il continuerait dans le sillage de son Père en tant que conseillé et magistrat du roi, mais il resta ferme dans son choix. Cheikh Ahmadou s’est toujours situé dans l’axe du coran et de la sunna (tradition du Prophète). Pour lui « quiconque est en harmonie avec DIEU ne doit pas se soucier de sa contradiction avec les hommes »
Dans ce travail nous insisterons volontairement sur les raisons temporelles de la déportation d’Ahmadou Bamba pour aider le néophyte à comprendre selon son niveau d’entendement et aux chercheurs d’exercer sa raison discursive. De toute façon, les multiples dimensions de l’homme imposent d’opérer des choix dans l’analyse et d’opter pour approche qui ne doit pas occulter littéralement la dimension essentiellement mystique de l’homme. En effet, il est de notre devoir de tenir compte de certains phénomènes d’ordre métaphysique parce que d’une part ils ont été systématiquement
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occultés par les auteurs européens dont la plupart étaient des auxiliaires proches d’une manière ou d’une autre de l’administration coloniale et d’autre part par souci d’équilibre car, nous ne pouvons pas nous permettre de réécrire notre histoire, l’histoire, en nous fondant exclusivement sur des écrits étrangers. Nous devons lire les écrits d’africains et nous ouvrir à la tradition orale surtout qu’il y a des contemporains du Cheikh qui sont toujours vivants ou qui ont disparu il n’y a pas longtemps ou leur descendant immédiats qui peuvent être des réservoirs crédibles susceptibles de nous permettre de procéder à des recoupements et d’aller vers un maximum d’objectivité.
Né vers 1850 mais beaucoup disent 1855, de son vrai nom Ahmed Ben Ahmed Ben Habib Allah. Il est d’origine toucouleur par son quatrième ascendant venu du Fouta et installé en pays wolof où il épousa une fille de la race. Son arrière-grand-père mame Marame, père de Balla Mbacké fonda dans le Baol, vers 1772, un village baptisé Mbacké, pour perpétuer le nom de sa famille. Balla Mbacké s’installa dans ce village avec sa famille comme professeur enseignant le Coran. C’est là que naquit Momar Anta Saly, son fils. Ce dernier fit tout d’abord ses études avec son père Mame Balla Mbacké avant de les achever avec un éminent marabout nommé Ahmadou Sall venant d’une localité appelée Bamba.
Ce qu’il faut retenir de cette relation, c’est que ce fin lettré avait demandé à Momar Anta Saly de donner son nom à son deuxième fils. Ce qui fut fait et c’est ce fils, prénommé Ahmadou Bamba, plus tard devint le fondateur de la confrérie des mourides.
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Au cours de l’invasion du Baol par le marabout Maba Diakhou, Mame Balla Mbacké fut tué, dit-on, par des peuls et son fils Momar Anta Saly déporté au saloum par Maba Diakhou. Il ouvrit alors une école coranique très fréquentée à Porokhane et en profita pour donner une instruction solide à ses enfants. Il devint même, par la suite, le percepteur des fils de Maba parmi lesquels Saër Maty, qui devait plus tard se lier d’amitié avec Ahmadou Bamba. Ce fut à porokhane entre 1860 et 1870 que Cheikh Ahmadou Bamba, encore jeune, fit son apparition sur la scène religieuse et se lia d’amitié avec les chefs traditionnels de l’époque parmi lesquels le Damel du Cayor, Lat Dior Ngoné Latyr Diop qui, détrôné, s’était provisoirement retiré au saloum.
Lorsque Lat Dior fut réinstallé sur le trône, Momar Anta Saly regagnait le cayor avec ce dernier et passa un séjour de plusieurs années à Patar avant de s’installer à Mbacké Guet ou il fonda un village baptisé Mbacké-Cayor. C’est là qu’il mourut vers 1882 ou 1883 laissant sa famille continuait à y résider. Lat Dior avait alors repris la lutte contre les français. En 1886 il tomba définitivement à Dékhlé. Cheikh Ahmadou Bamba quitta alors le Cayor pour venir s’installer à Mbacké Baol le village de son ancêtre. Il fonda près de Mbacké Baol son propre village, Touba, devenu aujourd’hui la grande métropole religieuse, sanctuaire du mouridisme et lieu de pèlerinage annuel du monde noire musulman.
Cheikh Ahmadou Bamba a mené une vie si miraculeuse qu’on se croirait à un conte de fées. A huit ans (8ans), il a écrit son plus beau poème ; sa vie qui a duré soixante-
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douze ans ou soixante-quinze ans (72 ou 75) ; connait trente-trois ans (33 ans) de privation de la liberté mais malgré cela, Ahmadou Bamba a produit sept tonnes cinq cent (7 tonnes 500) de manuscrits. Personne ne l’a jamais vu étendu ou en sommeil ; il était d’un dynamisme aussi bien sur le plan physique qu’intellectuel.
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